La Guyane, il faut la mériter.
Après une transatlantique plutôt tranquille, l’excitation monte de plus en plus au vu de la côte. Tout d’abord, c’est un cargo au mouillage en attente pour rentrer dans le port de Cayenne qui nous montre le chemin. Puis les îles du salut se découpent enfin sur l’horizon : la terre! Une pensée très rapide pour les fantômes des bagnards qui errent dans les parages, mais déjà plusieurs questions se posent : les îles ne sont pas au cap attendu par rapport au bateau, nous n’avons pas de carte papier précise. Nous devons nous fier seulement à nos cartes informatiques (déjà pas mal), mais n’aillant jamais navigué dans la zone avant : sont elles bien calibrées avec le GPS ??
Nous nous rapprochons très rapidement de la zone du cargo, l’explication de l’anomalie de cap est finalement simple : le courant de guyane que nous pensions de 1 à 1,5 nœuds est ici de 3 nœuds (ENORME !!!, par rapport au bateau qui avance en moyenne à 5 noeuds). Pour tenir un cap réel exact nous devons compenser une dérive monstrueuse.
Quand nous imaginions notre arrivé de transat cela se résumait à ça : Terre en vu, Port en vu, affalage de voile, manœuvre de port, pif paf pouf et direction le premier bar du coin pour célébrer la transat avec enfin une bière fraiche !!!!
Ce fut tout à fait différent car pendant que nous réfléchissions à comment mieux négocier notre dérive voilà que tombe sur nous, notre plus gros grain de toute la traversée : Le vent confortable de 10 à 12 nœuds (Force 3-4) qui nous poussait gentiment vers la tranquillité de la marina passe en quelque minute à 25/28 nœuds (Force 6-7).
Aller, c’est parti, il faut envoyer de la manœuvre et c’est Guillaume qui s’y colle : enroulage de génois, prise de ris : Manque de bol le deuxième niveau de ris que nous tentons de prendre, casse au niveau de la jonction entre la voile et le mat. Nous sommes bon pour passer ris 3, autan dire que le bateau ne possède plus que 20% de sa surface de voile maximale, un mouchoir de poche.
Au même moment le vent monte, c’est une pluie diluvienne qui s’abat sur nous et nous comprenons très bien se qu’insinue la petite dame de la météo marine quand elle précise dans ses bulletins : « visibilité réduite sous précipitation ». Effectivement nous ne voyons pas à 20m…
Dans tout ça il faut trouver le chenal, long de 6 miles, qui permet de slalomer entre les haut fond.
Voilà nous apercevons laborieusement la cardinale sud qui signe l’entrée dans l’espace balisé. Mais en forcissant, le vent qui venait de dernière nous, tourne, et passe devant nous. Nous sommes maintenant en train de faire du près serré poussé à la dérive par le vent et le courant dans le même sens. Très vite, nous comprenons que nous n’arriverons pas à rentrer dans le chenal avec seulement l’aide des voiles. Il est temps de mettre le moteur. Hum mauvaise idée car le moteur se met à surchauffer : de la fumé blanche s’échappe du pot d’échappement. Diagnostique docteur ? Arrivée d’eau pour le refroidissement moteur bouchée par les algues, pas moyen de réparer en mer, nous ne pouvons utiliser le moteur qu’à vitesse réduite.
Bilan de la situation le vent et le courant nous déporte rapidement sur les récifs des iles du salut. La décision à prendre est la suivante : il faut faire demi-tour pour s’éloigner de la côte en attendant que le grain passe, que la visibilité revienne et que le vent tourne à nouveau. Punaise et dire qu’on se voyait déjà avec la bière à la main !
La deuxième tentative d’approche du chenal s’avère plus concluante. Le vent est tombé, le courant est toujours bien présent mais nous l’anticipons mieux. Et c’est parti pour 2 heures de remontée de chenal au moteur et voile.
La côte déchire enfin le mauvais temps. Nous découvrons de la forêt à perte de vu, le taux d’humidité passe à 100%, l’eau bleu de la mer devient marron, boueuse : Pas d’erreur nous entrons au plein cœur de la forêt tropicale !
« Marina en vu !! » le fleuve Mahury s’est bien resserré. Nous allons pouvoir mettre pied à terre ! Mais avant il faut trouver une place. Nous longeons le quai de la marina. C’est impressionnant. La plupart des bateaux présents sont recouverts de nombreuses bâches pour éviter l’infiltration de l’eau. Ce sont des bateaux ventouses certains ont même installé un climatiseur sur leur bateau. Et la faune et la flore qui recouvre leur carène est un vrai écosystème à elle tout de seule! Ces bateaux ne sont plus fait pour naviguer. Nous allons donc tenter de nous trouver une place au milieu de ce village flottant. Pas facile car pas de place réservé pour les visiteurs et personne (pas de capitainerie) à part les locaux pour nous aider ! Mais finalement malgré l’aspect rustre de ces bateaux, nous sommes bien accueillis et c’est un accueil bien local : Eddy, chapeau en cuir, ceinturon de cuir, short militaire et machette le long de la cuisse droite ! Après discussion quand à l’emplacement que nous pouvons occuper nous récupérons celui d’anglais partis le matin même.
Ca y est nous pouvons mettre pied à terre !!! Kite aussi du reste peu se dégourdir les jambes malgré les mises en gardes de Eddy : ici l’espérance de survie d’une bestiole comme Kite est estimé à 10mn sur la terre ferme, principalement à cause des caïmans et autre anaconda ! Mais Kite après avoir traversé l’atlantique est devenu un chat ninja, grâce à un entrainement intensif !
La découverte de la Guyane
C’est avec un grand plaisir que nous retrouvons Ti’Dom équipage que nous avons rencontré à Palmeira au Cap Vert. C’est avec eux que nous allons découvrir les alentours.
L’apogée de notre séjour d’une semaine (je vous passe la visite de Cayenne, le carnaval…) Une rando de 2 jours au milieu de la forêt vierge, non loin de camps d’orpailleurs, avec nuit en hamac dans un carbet au plein milieu de la jungle sans personne d’autre que nous.
Les informations importantes nous les avons récupéré uniquement au retour de la rando :
Le jaguar rode dans le coin, régulièrement le chien des orpailleurs de la région se font dévorer ! Détail notable : la légende raconte que lorsqu’un jaguar attaque un chien celui-ci pris d’une telle terreur est pétrifié, il n’aboie pas et ne se défend pas il attend juste le coup de grâce. La deuxième espèce dangereuse est le serpent corail mais on nous certifie que le danger ne peut venir de lui (malgré son poison mortel en quelque dizaine de minute !) car averti par les vibrations créées par nos pas sur le sol, il se sera fait la malle longtemps avant notre arrivée. Le vrai danger est le serpent XXXX aveugle comme tous les serpents il a la particularité de ne pas sentir les vibrations chose plutôt ennuyeuse pour nous, humbles randonneurs. Sa morsure n’est pas mortelle mais avec sa mâchoire qui se déboite il est responsable de nombreuses morsures entrainant des ischémie de pouces et autre petites aventures désagréables.
En tout cas, pour nous, la rencontre avec la faune locale s’est résumée heureusement ou malheureusement, à la rencontre d’une torture de terre, d’une grenouille aux couleurs de feu d’artifice et de quelques cris lointain de toucan!
La nuit passée fut bercée par le balancement du hamac et par les sérénades des crapauds buffles. Le ventre bien repli par un diner mitonné au feu de bois.
Au final, que de bons souvenirs que la Guyane, sa forêt vierge impressionnante, envahissant tout. Les diner et les journées partagés avec Ti’dom. C’est le cœur à peine rassasié de terre ferme que nous repartons après 7 jours à quai, direction les Antilles, pour 5 jours de navigation, retrouver enfin nos amis de métropole pour partager notre nouvelle vie !